Crédit Mutuel Arkéa vient d’inaugurer une offre de crédit « zéro papier » réservée à ses clients.
Il reste des obstacles à surmonter avant de voir ce genre d’offre se généraliser.
Souscrire un crédit immobilier sur sa tablette sera-t-il demain aussi banal qu’acheter un billet de train ? Différents signes laissent penser que cette évolution est enclenchée. Entrée en vigueur le 1er juillet, une directive simplifie l’usage de la signature électronique, ce qui devrait donner un coup de fouet aux contrats à distance. Le même jour, Crédit Mutel Arkéa a lancé un nouveau produit : un crédit immobilier « 100 % en ligne et zéro papier », réservé aux clients de la banque.
La promesse d’un prêt totalement dématérialisé – et souscrit en quelques dizaines de minutes (avant le délai légal de rétractation de dix jours) – vaut pour les cas les plus simples, ne nécessitant pas d’examen ou de pièce justificative complémentaires. « Nous disposions déjà en interne de toutes les briques techniques, signature électronique, procédures de contrôle ou vérification de document. Ici, nous parlons d’une innovation offre assez rapide puisque le projet a été lancé en décembre 2015 », souligne Frédéric Laurent, directeur de l’innovation chez Crédit Mutuel Arkéa.
Des obstacles à surmonter
Ces dernières années, d’autres acteurs de l’immobilier ont déjà commencé à dématérialiser le crédit immobilier, mais il leur reste des obstacles à surmonter. Les courtiers en crédit misent ainsi sur les simulations en ligne qui permettent de préqualifier une demande de crédit avant de la transmettre à une banque partenaire. Sans que ces transmissions soient toujours très fluides.
Autres actrices naturelles du crédit zéro papier, les banques en ligne affûtent aussi leurs arguments… et leurs technologies. A titre d’exemple, Boursorama permet depuis 2010 à ses clients d’introduire sur Internet une demande de crédit et d’obtenir une offre de principe. Mais les clients doivent encore envoyer des justificatifs par courrier. Pour des dossiers particulièrement complexes, il peut y avoir jusqu’à 150 pièces à présenter ! Cette phase reste a priori difficile à dématérialiser, mais « nous nous mettons en ordre de marche en vue de proposer la signature électronique du contrat », précise Benoit Grisoni, directeur général adjoint de Boursorama. Au moins une autre banque en ligne française – qui ne propose pas encore de crédit immobilier – fourbit actuellement ses armes en vue d’un lancement fin 2016-début 2017.
Reste à vérifier le degré d’appétence de la clientèle. « Les premières étapes du crédit, jusqu’à l’accord de principe de la banque, restent les plus importantes car le client a besoin rapidement de connaître le prix du crédit et de savoir s’il peut compter sur nous », estime Benoit Grisoni. Pour Arkéa, il s’agit de répondre à une attente profonde. « Nous pressentons une interrogation à laquelle il faut répondre sans attendre que des fintech ne s’emparent du sujet », estime Frédéric Laurent. Les banques seraient également gagnantes en termes de productivité. Mais l’avantage serait aussi d’ordre réglementaire : aux yeux des gendarmes bancaires, les données électroniques sont par nature plus simples à auditer que des archives jaunies par le temps.